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RICHARD RUBEN Pour le rire et le meilleur



Après avoir marié Gonzague, tout déballé, refait le monde, regardé ses peurs en face, Richard Ruben, l’humoriste brabançon fait un constat : on est en sursis ! Rien ne va plus, Gonzague n’en peut plus et fait la révolution. On frise tous le burn-out, on a perdu nos repères, tout part en vrille, les apéros du lac sont devenus les apéros vintage ! … Est-ce la fin du monde ?



RICHARD RUBEN  Pour le rire et le meilleur
Après avoir marié Gonzague, tout déballé, refait le monde, regardé ses peurs en face, Richard Ruben, l’humoriste brabançon fait un constat : on est en sursis !
Rien ne va plus, Gonzague n’en peut plus et fait la révolution. On frise tous le burn-out, on a perdu nos repères, tout part en vrille, les apéros du lac sont devenus les apéros vintage ! … Est-ce la fin du monde ?

Richard Ruben, fin observateur de la société, flagelle ses congénères à coups de bons mots et égratigne tous les clichés d’une époque à la fois horrible et formidable.

Rencontre en toute simplicité avec un comique au verbe haut, un Européen au trait intelligent, un citoyen du monde qui a son idée sur la question.
 

Dans quelle famille avez-vous grandi Richard Ruben?

J’en ai beaucoup parlé dans mon spectacle « Je suis belge…mais ça ne se voit pas », mon père est anglais d’origine égyptienne et ma mère alsacienne née au San Salvador et j’ai du sang espagnol et italien, tout ça mélangé…Je suis « mondial », un bon mélange entre le nord et le sud !
C’est pour ça que je ne comprends pas que certains s’attachent à faire valoir un sentiment nationaliste, que ce soit en Catalogne ou en Flandre. Je me sens Européen, l’Europe est un pays, avec plein de défauts, mais il faut laisser du temps au temps. 50 ans, c’est rien, c’est jeune !
Mon papa était cadre dans une entreprise et ma maman, jeune,  jouait de l’accordéon dans son quartier… Le côté un peu fantasque, je le tiens d’elle

 

Plus de 25 ans de carrière, un beau parcours…

J’ai commencé à 15 ans comme imitateur avant de passer à la comédie. Officiellement, j’ai fêté mes 25 ans  de carrière en 2015 mais en vérité ça fait 35 ans ! La toute première fois, j’avais loué une petite salle et j’ai vendu des tickets à mes potes et à leurs parents. Entre 15 et 20 ans, j’ai fait des cabarets où j’ai pris de la bouteille et à l’âge de 21 ou 22 ans, j’ai décidé de devenir professionnel.

En 1994, j’ai commencé à travailler avec des metteurs en scène avec qui j’ai beaucoup appris. Il y a eu Eric De Staercke, un homme formidable, ensuite j’ai travaillé avec Michel Kartchevsky et puis avec Sam Touzani. Le dernier spectacle, c’est Michel qu’il l’a mis en scène et j’en ai un en prépa avec Sam. J’ai aussi bossé avec Armand Delcampe, Pascal Légitimus…


J’ai eu d’autres expériences, plus fugaces mais néanmoins très belles. Donc, je n’ai pas appris le b.a.-ba mais je me suis nourri de ces rencontres et j’ai passé des milliers d’heures sur scène : les représentations, les raccords, les répétitions, ça fait des heures, sans compter les italiennes qu’on fait encore à la maison.

 

RICHARD RUBEN  Pour le rire et le meilleur
L’écriture est-elle un aspect essentiel ? Vous écrivez vous-même vos textes ?

J’adore écrire, j’écris tout le temps et j’ai écrit quatre bouquins.
Les spectacles, je les écris avec un co-auteur, Arnaud Bourgis, et en collaboration avec le metteur en scène qui a un rôle d’accoucheur…

Il n’est pas simplement là pour dire « tu rentres à cour, tu vas à jardin, tu accélères là, tu donnes un peu plus de ceci ou de cela ». Les Français sont très forts, ils ont inventé beaucoup de choses dans le théâtre mais dans les années 90 et même 2000, on ne mettait pas vraiment en scène les one-man-shows, sauf certains… Sauf Philippe Caubère dans les années 70, un précurseur du solo, le pape du one-man-show ! C’est le patron. De nombreux artistes s’en réfèrent encore à lui.

Aujourd’hui, les humoristes ont des vrais metteurs en scène. On n’arrive pas avec un travail écrit terminé… Moi par exemple, je viens le voir avec 50 pages et il m’annonce qu’on refait tout! Après on se rend compte qu’on puise dans mes 50 pages qui finissent par se retrouver dans le spectacle, dans un autre ordre


Est-ce qu’il y a une recette pour faire un bon spectacle ?

Il faut avoir une dramaturgie, un one-man-show ce n’est pas un fourre-tout. Je suis un show man, j’aime toutes les disciplines, tous les personnages, inventés ou non. J’ai joué ma grand-mère égyptienne et les gens l’ont très bien pris ; quand c’est bien amené, ça passe bien. C’est universel, certains y voient une grand-mère italienne, une polonaise ou une marocaine.

Il faut raconter quelque chose qui a du sens. Les gens rient quand on leur parle de leur vie et on fait rire avec du malheur. Laurel et Hardy glissaient sur des peaux de bananes, on rit du malheur de l’autre. L’humour est la politesse du désespoir. 


Pourquoi y a-t-il tant d’humoristes aujourd’hui?

Il y a tellement de gens qui sortent des écoles de théâtre, des gens de talent mais qui n’ont pas de boulot. Alors ils se disent qu’ils vont se lancer seul : ils montent sur deux planches, avec un micro, une lumière, il n’y a pas d’autre investissement. Au début même pas besoin de metteur en scène.
Les américains, c’est ce qu’ils font… Ils racontent leur vie, leur journée, des petites histoires….

Gad Elmaleh c’est autre chose, ce qu’il fait est très travaillé. Il est ultra talentueux et il a un sens aigu du théâtre. Pour faire si simple et épuré, il bosse des heures sur deux phrases.
Monsieur et madame Toulemonde, le boucher, le banquier, la fleuriste montent sur scène le we. Il y a réellement une part d’égocentrisme. Je ne juge pas mais ça se voit quand quelqu’un donne, fait ça pour le public ou plutôt pour lui. Le public le ressent, il ne sait pas l’expliquer et mettre des mots mais il le sent.
Dans un travail collectif, on est beaucoup moins centré sur soi et on travaille pour un public.
Mais je n’ai pas à juger ce que font les autres… Et celui à qui ça ne plaît pas, qu’il zappe !

 

Est-ce que l’humoriste est un peu un sociologue ?

Clairement oui. Mes spectacles parlent d’époques. Dans « En sursis », c’est une époque où on est à deux doigts de… A deux doigts de tout perdre, à deux doigts qu’il y ait la guerre… Il a été écrit il y a un an et on a l’impression que tout arrive. Il y a des sketches sur Donald Trump qui venait d’être élu, sur sa folie climatique, sur la géopolitique…

Les sujets sont dans l’air du temps, les vegans, pourquoi nos enfants deviennent végétariens ?  Dans un sketch, ma fille devient végétarienne et mon fils, on annonce qu’il est parti, qu’il a été enrôlé par une troupe… On pense aux djiadistes mais en fait il devient humoriste et on fait un parallèle entre les deux : « il nous a envoyé une pétarade de vannes à deux balles, », « on a lancé des éclats de rire », « on n’a rien vu venir, il s’est radicalisé et s’est laissé pousser le nez rouge »… Je ne dis rien de dur c’est une sorte de parabole qui fait réfléchir les gens sur le terrorisme alors que je parle d’humour.

Il y a aussi le sketch sur les rapports entre amis et la spirale d’invitations… Mes amis, mon meilleur ami, mon deuxième meilleur ami… Je joue aussi avec les réseaux sociaux et j’ai fait l’expérience d’Instagram pour comprendre et pouvoir en parler. C’est du narcissisme à l’état pur, c’est « regardez-moi ce matin» ou « regardez mes œufs au plat ou mon nounours ». 

 

RICHARD RUBEN  Pour le rire et le meilleur
… et un leader d’opinions ?
Non, même s’il y a des humoristes qui pensent que leur parole a une portée !!!! Pour ma part, je mets tout ce que j’ai envie de dire mais il faut que ça ne se voit pas, que ça soit subtil, c’est d’autant plus porteur. L’idéal c’est que les gens se marrent et ne se rendent pas compte sur le moment que c’est sérieux. C’est après qu’ils vont y penser… Les plus beaux messages ne se voient pas d’emblée.
Si je me moque de Francken, les gens qui veulent savoir qui il est, iront voir… ça peut déclencher de l’intérêt. Une pièce de théâtre sert à ça aussi. Cela dit, je ne suis pas là pour faire la morale et je suis plutôt rassembleur. 


Peut-on rire de tout ?

Oui, ça dépend comment. Oui, tant qu’on ne fait pas dans la diffamation. On peut se moquer de la Shoah mais pour la rappeler à la mémoire, pas la minimiser. Pas à la Dieudonné. Ce qu’il a fait est très grave ! Dieudonné était très doué et avec Elie Semoun, ils se moquaient de la bêtise humaine. On ne comprend pas ce virage ! On ne comprend pas qu’il soit passé du côté obscur et moi je n’aime pas ça. 


Qu’est-ce que notre époque a d’horrible ? 

Je me lève heureux et positif tous les matins mais tout n’est pas parfait.
Récemment à un concert, je vois un gars occupé sur son smartphone, il ne regardait pas la chanteuse. Et il n’est pas le seul… Donc les gens, plein de gens, ne profitent pas du moment présent, ne profitent pas du spectacle. A la place, ils le filment et très probablement ne le regarderont pas en rentrant. C’est étrange.

Est-ce que nos enfants ne pourraient pas remplacer une heure d’Instagram par une heure de lecture ? Et nous-mêmes d’ailleurs…

Je suis plutôt optimiste de nature mais parfois quand je pense à certains qui nous gouvernent avec des valeurs un peu inquiétantes, je me sens envahi d’une sorte de pessimisme. Il y a intérêt à ce qu’ils ne dérapent pas tous en même temps. 

 

… et de formidable ?

Rien n’est définitif, tout peut changer vite, s’améliorer, on peut guérir, se redresser, on soigne mieux… Tout va vite mais tout est possible. On a accès aux études, à l’information, avec les dérives qu’on connaît, oui, mais il y a quand même plein de bonnes choses…

 

Gonzague, il vit toujours ?

C’est un personnage d’une grande puissance, il est toujours sur scène mais il a beaucoup évolué. Il n’a plus rien à voir avec le Gonzague des débuts. C’était un sale gamin de mon âge, j’avais 23 ans à l’époque. Aujourd’hui c’est un personnage très humain, un peu mon Che Guevara. Il me permet de dire des choses. Dans « En sursis », il est hard. Il parle de tout, des gens qui vont manger les sushis qu’on offre à 19 heures au Delhaize. Ce sont les nouveaux apéros vintage ! Je ne moque pas, je décris la société. 

 

Votre travail vous laisse-t-il encore de la place pour la détente et le divertissement ?

Je suis quelqu’un qui n’arrête jamais mais j’ai décidé de m’octroyer des plages : quand je ne travaille pas, c’est vraiment pas ! Avant je savais prendre du temps pour aller me balader, aller flâner chez les bouquinistes et aujourd’hui, j’ai presque honte de ne pas travailler ou ne pas être productif. Et pourtant, dans une après-midi de travail on peut passer du temps à lire ses mails, faire un paiement, regarder un peu la presse … Je dois revoir ma copie.

Le dernier film que j’ai vu c’est le magnifique, « Elvis et Nixon », avec Kevin Spacey. Il n’y avait que deux personnes dans la salle, un autre gars et moi. Je riais et c’était bizarre parce que je ne pouvais pas mesurer mon rire aux autres et être sûr que ce film était fait pour rire. 

 

Vous êtes très touché par la problématique des migrations?

Si on en croit certains philosophes ou futurologues, on doit s’attendre dans les années à venir à des déplacements beaucoup plus importants qu’aujourd’hui, des centaines de millions de gens, réfugiés climatiques ou de pays en guerre ou insécurisés, d’Asie ou d’Afrique, vont arriver chez nous.
Ce qui n’est pas étonnant si on continue à les « coloniser », à vendre des armes, à installer des dictateurs…. Je n’ai aucun problème avec l’accueil des migrants, aucun problème à ce qu’on soit envahi de migrants. On est tous des migrants. Je trouve d’ailleurs ce mot horrible, je parlerais de ‘gens en transhumance qui ont fui l’horreur’.

 

Vous vivez en Brabant wallon, qu’est-ce qui vous plaît ?

La nature. Je vis dans un environnement très vert, au calme, qu’on appelle souvent les Ardennes brabançonnes. Pour moi, c’est tout ou rien, ou bien je vis en ville ou à la campagne mais pas entre les deux.
Le parc Solvay est un des plus beaux au monde, il est magnifique et extrêmement bien entretenu.
J’aime la convivialité des gens de La Hulpe et Genval. Beaucoup de personnes avec qui je travaille habitent dans le coin, ça me permet d’éviter de devoir entrer dans Bruxelles le matin.
J’adore courir, j’ai fait les 20 km de Bxl et le marathon de NY pour « La Tête hors de l’Eau »** et j’ai participé aux « Crêtes la hulpoises », une course au parcours vallonné, pas si facile mais très chouette.
Je fréquente la salle de sport Da Vinci à Braine et j’apprécie la Brasserie du Lac, et Chez Clément, où ils ont des frites excellentissimes !!
 

L'actu de Richard Ruben :

> Ruben in English « Mind the Gap »
« Parallèlement à mes deux one man show, j’ai créé un « stand-up » d’une heure en anglais, écrit avec Chrystie Evenepoel, une coach belge qui a vécu huit à Manhattan. C’est très amusant, beaucoup plus glamour et très jouissif de faire rire en anglais !  J’ai déjà eu l’occasion de jouer à Los Angeles, New-York, Londres et Anvers…et là, je reviens à Bruxelles pour une représentation exceptionnelle au King of Comedy Club le 16 novembre. »

> « En sursis », le dernier spectacle. Toutes les dates sur www.richardruben.com

> « Je vous ai apporté mes bons mots », un recueil délicieux d’aphorismes, pensées et bons mots, est toujours en vente sur Amazone ou sur le site de Lamiroy


Nous avons le plaisir de vous informer du spectacle "je suis Belge mais ça ne se voit pas" de Richard Ruben.

En effet, celui-ci nous fait l'immense plaisir d'une représentation de son spectacle au GECKO ! Cliquez ici !

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