Accessibilité, Prévention, Accompagnement
Ce n’est ni une ambulance ni un bus de soins classique, mais un nouvel outil social : le Médibus. Derrière cette initiative, l’asbl Patchwork, un acteur essentiel dans la prévention et l’accompagnement des personnes confrontées aux assuétudes, qu’il s’agisse d’alcool ou de drogues illicites.
Grâce au soutien financier du Brabant wallon et au projet wallon « Zéro sans-abrisme », ce véhicule inhabité jusque récemment a été transformé en un espace mobile d’écoute, de soins et de reconstruction sociale.
L’arrivée du Médibus marque une étape importante pour le territoire, et plus spécifiquement pour l’Est du Brabant wallon, où l’accès aux services spécialisés dans les addictions était jusque-là limité.
Désormais, deux demi-journées par semaine, Patchwork vient directement à la rencontre des habitants, sans rendez-vous et sans jugement.
Patchwork : restaurer la dignité, avant tout
L’association Patchwork n’est pas nouvelle sur le territoire wallon. Implantée depuis longtemps à Ottignies et également active à Nivelles, elle accompagne depuis des années des personnes fragilisées par l’usage de substances, ainsi que leurs familles et les institutions en lien avec ces problématiques.
Sa mission est claire : offrir un soutien spécialisé, adapté à chaque situation et respectueux du rythme de chacun.
Son approche repose sur trois piliers : l’accueil, l’accompagnement et l’orientation. Chaque personne qui pousse la porte est libre d’exprimer ses besoins tels qu’elle les perçoit.
Une écoute professionnelle permet ensuite de clarifier la demande, d’évaluer la situation et, si nécessaire, d’orienter vers un médecin, un centre de santé mentale, un service social ou une structure partenaire plus adaptée.
L’objectif n’est pas uniquement thérapeutique. Patchwork souhaite permettre aux personnes qu’elle accompagne de retrouver confiance, de réactiver des compétences oubliées et de recréer du lien social, dans un cadre bienveillant où la stigmatisation n’a pas sa place.
Un besoin criant dans l’Est du Brabant wallon
Jusqu’ici, malgré son expertise, Patchwork n’était pas présent dans la partie Est de la province. Or, les besoins y sont bien identifiés.
Les professionnels locaux – services sociaux, CPAS, médecins généralistes, équipes d’aide aux jeunes ou acteurs culturels – observent depuis plusieurs années une augmentation de situations liées à l’addiction, souvent associées à des parcours de décrochage social, de précarité ou d’isolement.
Le manque d’infrastructures spécialisées obligeait parfois les personnes concernées à se déplacer loin, à prendre plusieurs bus ou à patienter longtemps avant d’obtenir un rendez-vous.
Pour certains, cela signifiait renoncer au soin. Le Médibus répond précisément à ce défi : aller vers, plutôt que d’attendre que les personnes viennent d’elles-mêmes.
Un accueil mobile, discret et accessible
Installé désormais à Jodoigne deux demi-journées par semaine, le Médibus se présente comme un espace sécurisé et confidentiel.
Aucun prérequis administratif, aucun dossier préalable, aucun jugement : les personnes peuvent entrer simplement pour discuter, poser une question ou demander de l’aide.
Le concept repose sur le « bas seuil », c’est-à-dire des conditions d’accès minimales. Cette approche permet de rencontrer des personnes qui n’auraient jamais franchi la porte d’un service classique, parce qu’elles se sentent honteuses, surveillées ou exclues du système de soins.
À l’intérieur du véhicule, un professionnel accueille chaque visiteur avec attention. Les échanges peuvent mener à un suivi régulier, à un soutien ponctuel ou à une orientation.
En parallèle, le Médibus sert de relais et de lien entre les organismes partenaires déjà présents sur le territoire.
Une dimension collective pour rompre l’isolement
Au-delà des entretiens individuels, Patchwork souhaite utiliser le Médibus comme un point d’ancrage social.
Celui-ci permettra l’organisation d’ateliers collectifs, notamment des activités créatives, qui offrent aux participants un espace d’expression, de valorisation et de reconstruction.
Ces ateliers ne sont pas anecdotiques : ils participent à un processus thérapeutique global. La création artistique, la pratique collective ou le simple fait de se retrouver autour d’un projet commun permettent de renouer avec une identité positive, loin des étiquettes souvent associées à l’addiction.
Une collaboration territoriale essentielle
Patchwork ne travaille pas seul. Le Médibus s’inscrit dans un réseau local solide composé de CPAS, d’associations d’aide à la jeunesse, de médecins, de services de santé mentale, d’acteurs culturels ou encore d’équipes sociales de terrain.
Cette dynamique partenariale crée des ponts entre disciplines, évite les ruptures de prise en charge et facilite l’accès aux ressources existantes.
Le Médibus devient ainsi un trait d’union entre des services parfois isolés les uns des autres, tout en rendant les soins plus proches de ceux qui en ont le plus besoin.
Un projet cohérent avec la politique provinciale
Le soutien du Brabant wallon à l’asbl Patchwork s’inscrit dans une stratégie politique plus large : lutter contre les discriminations et soutenir les publics vulnérables.
Pour les autorités provinciales, l’accès aux soins ne peut pas être conditionné au lieu de résidence ou au statut social.
Ce projet représente donc un outil concret pour réduire les inégalités territoriales en matière de santé mentale et d’assuétudes.
Benjamin Goes, Député provincial en charge de la Santé, résume cette ambition :
« Le Médibus vise à rejoindre les personnes souvent invisibles ou éloignées des institutions. […] Il combine écoute, accompagnement, soins et expression personnelle. C’est un projet qui illustre parfaitement la volonté de la Province du Brabant wallon de renforcer l’offre de soins dans les zones les moins desservies de notre territoire. »
Une nouvelle porte ouverte, sans obligation et sans jugement
Avec le Médibus, l’asbl Patchwork propose bien plus qu’un service : elle offre une présence humaine. Dans un contexte où l’addiction reste associée à la culpabilité, au tabou et à la marginalisation, ce dispositif rappelle que chaque personne mérite d’être rencontrée là où elle se trouve, et non là où l’on attend qu’elle soit.
Pour certains, le Médibus deviendra un point de passage régulier. Pour d’autres, une porte qu’ils franchiront peut-être un jour, quand ils se sentiront prêts. Quelle que soit l’issue, l’essentiel est là : la possibilité existe désormais.


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