Après 117 jours d'une course sans répit, il devient le premier Belge à boucler le mythique Vendée Globe. Hors délai, certes, mais jamais hors cap. Une victoire intime, une traversée symbolique pour ce navigateur enraciné à Ottignies, au cœur du Brabant wallon, qui a préféré le large à la facilité.
« Le départ, c’est l’excitation. Puis on entre dans l’infini, et là, il faut apprendre à naviguer en soi-même. »
Au large, quelque part entre la solitude de l’océan Indien et l’immensité du Pacifique, Denis Van Weynbergh se parle à lui-même. À bord de son Imoca D’Ieteren Group, il affronte la houle, le froid, les avaries… et le silence. Chaque vague est une question. Chaque accalmie, un sursis. Pourtant, ce n’est ni la peur ni la gloire qui l’animent. C’est cette obstination sereine, presque poétique, de rallier le rivage coûte que coûte.
Né en 1967, deux enfants, formé en sciences politiques, Denis a d’abord œuvré pour Médecins Sans Frontières au Rwanda et au Burundi, avant de diriger une société de courrier express pendant 17 ans. Rien, dans cette trajectoire, ne le destinait à devenir navigateur. Et pourtant, en 2001, il embarque pour la Mini Transat — 6,50 mètres de solitude entre La Rochelle et le Brésil. « Une école de la mer, mais aussi une école de vie. » La voile, dès lors, devient sa boussole.
C’est seulement en 2013 que germe en lui l’idée du Vendée Globe. Il rachète un bateau en 2018, vise l’édition 2020, échoue faute de partenaires, recommence à zéro après le Covid. « Ce projet, c’est six ans de ma vie. Comme une scolarité complète. » Il avance à contre-courant, sans coach, sans grande écurie, avec une équipe de bénévoles et l’acharnement comme carburant.
La préparation est rude. Pas de route tracée, juste un cap à tenir. Il doit se qualifier, convaincre des sponsors, remettre son bateau en état. En 2023, un grand groupe belge croit enfin en lui. « Sans une structure financière solide à terre, on ne part pas en mer. C’est d’abord un projet d’entreprise. » L’homme à la barre est aussi
gestionnaire, communicant, logisticien. Son passé professionnel, hétéroclite en apparence, devient un arsenal précieux.
Le Vendée Globe 2024-2025, c’est l’épreuve ultime. Une mer en trois temps : les alizés et la douceur jusqu’à l’équateur, la rudesse des mers du Sud, puis la remontée harassante de l’Atlantique. « L’océan Indien a été le plus dur. Mer croisée, vent imprévisible, isolement absolu. On est au milieu de l’infini. » Il ne lui reste qu'un tiers de sa grand-voile, dort par tranches de 40 minutes, vit dans un froid humide de cinq degrés, déchiffre la météo trois heures par jour. À terre, les émotions défilent. En mer, elles submergent. « Une journée en mer, c’est une vie condensée. »
Les experts saluent l’exploit. Terminant en dehors des délais, il n’intègre pas officiellement le classement, mais marque les esprits. « Ce qu’il fait, c’est héroïque, souffle un confrère skipper. Il est l’illustration que la voile reste une aventure humaine, pas juste une course de machines. »
Son parcours inspire. Dans les écoles, dans les clubs, chez les rêveurs du dimanche. Il ne prétend pas incarner un modèle, mais démontre que la ténacité peut compenser l’absence de moyens. Son style est celui d’un marin-artisan, attentif à chaque pièce, à chaque souffle, à chaque décision. Sa traversée devient parabole.
Aujourd’hui, Denis savoure. Reçu par le Roi Philippe, célébré sur la Grand-Place de Bruxelles comme un Eddy Merckx des mers, il rayonne avec pudeur. Chez lui, à Ottignies, dans ce coin verdoyant du Brabant wallon qu’il chérit tant, il retrouve ses enfants, roule à vélo sur les routes sinueuses de Plancenoit, passe par le lac de Genval, longe le lion de Waterloo. « Le Brabant wallon, c’est mon ancrage. Une qualité de vie unique, entre nature, histoire et simplicité. »
Il n’a pas encore levé l’ancre du futur, mais il sait que d’autres caps l’attendent. Conférences, transmission, peut-être un nouveau défi au large. « Je n’ai jamais eu de plan de carrière. Je fais les choses que je sens. »
Denis Van Weynbergh, c’est un nom désormais inscrit sur les cartes marines de la voile belge. Pas comme une étoile filante, mais comme un phare. Un de ceux qu’on ne remarque pas tout de suite, mais qui guide dans la nuit ceux qui osent partir.
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